C’est marrant comme le hasard fait bien les choses : j’ai choisi mon nom de domaine Nomad’s Heart avant de changer de vie. Je l’ai choisi parce qu’à l’époque je prévoyais de faire quelques voyages et que j’ai toujours vécu entre la France et l’Allemagne. Ce que j’ignorais : le nom de mon blog annonçait en réalité une toute nouvelle vie, celle d’une nomade 2.0 : une nomade digitale !
Dans un de mes articles je parlais, peut-être à tort selon certains, de « télétravail ». En réalité, le terme « nomade digital » correspond probablement bien mieux à ma situation personnelle et professionnelle. Bien évidemment je ne fais pas (encore) partie de ces gens qui changent tous les deux mois de pays de résidence. Cela ne serait pas gérable au niveau administratif pour le moment. Mon autoentreprise est domiciliée en France, ce qui m’oblige à effectuer plusieurs mois de résidence. Néanmoins mon activité de freelance me permet désormais de jongler allègrement entre mes trois patries (France, Allemagne et Suisse) et multiplier les petits voyages (Croatie, Italie, Espagne en 2014). Pour les vrais nomades digitaux (ceux qui ne possèdent qu’un sac à dos et un ordinateur), je suis probablement une très petite joueuse. Il n’empêche qu’à mon humble échelle, je me considère de plus en plus comme faisant partie de cette catégorie de « travailleurs nomades ».
Combien de fois ai-je dû expliquer à mes clients où je me situais actuellement. Tantôt en France, tantôt au bord d’une plage croate ou barcelonaise (je sais, vous me détestez !), la dématérialisation quasi totale de mon activité de rédactrice et traductrice (et depuis peu de chef de projet digital), me permet désormais de prendre l’avion plus souvent que le RER. Quand je décroche une mission bien payée, je suis contente à l’idée de pouvoir bientôt me financer un nouveau voyage. Je ne suis probablement pas le genre d’aventurière à vouloir partir en pleine jungle tropicale. Mes envies de voyages sont plus classiques (Californie, Alaska et Islande un jour !), mais bien plus présentes depuis que j’ai quitté mon CDI. J’ai une chambre dans une colocation en Ile-de-France, des cartons remplis de livres dans la cave de ma grand-mère parisienne, trop de fringues mais presqu’aucun meuble. Il fut un temps où je possédais deux étagères Billy, un meuble TV, une grande télévision, un bureau. J’avais pendant quelques temps une folle envie de me poser. Cette envie, comme celle d’avoir une CDI, m’a quittée assez rapidement. Aujourd’hui, seul le bureau a survécu à mon changement de vie (et mon superbe fauteuil Eames, une contrefaçon évidemment). Outre donc quelques biens encombrants (lampes, bureau et fauteuil), je suis libre de toute attache matérielle.
Au-delà d’une simple tendance : le travail du futur ?
Travailler de partout : être donc cette personne qui travaille, les fesses posées sur une plage de sable blanc. C’est un rêve devenu réalité pour certains. Evidemment, il faut une connexion wifi, donc je ne me vois pas travailler sous les cocotiers (du moins pas au sens propre)… mais ce mode de travail est de plus en plus répandu. Il y a de ça quelques mois je parlais à un entrepreneur qui avait externalisé tous ses services. Seul sont associé travaillait dans la même région que lui. Ses autres collaborateurs étaient au quatre coin du monde. Il n’envisageait d’ailleurs plus d’embaucher des gens sur place, estimant que c’était bien plus commode d’embaucher à distance. Son site e-commerce s’y prêtait très bien, alors pourquoi investir dans des locaux coûteux si tous les services dont il avait besoin pouvaient se faire à distance (comptabilité, développement, informatique ou commerce) ? Il en est de même pour mon activité : je fais mes réunions via Skype. Lorsqu’il y a des documents à partager, je passe par le Google Drive et s’il le faut, je saute dans un train ou un avion pour aller à un événement qui nécessite ma présence physique – mais pour le moment c’est rare.
Les nouvelles technologies, dit-on, nous coupent du monde réel. Pour ma part, je n’ai jamais rencontré autant de monde que depuis que je fais partie de la blogosphère notamment. Bien au contraire, j’ai la chance de travailler avec des clients que je n’aurais jamais pu rencontrer sans Internet et les visioconférences. Mon blog m’a ouvert des portes virtuelles qui m’ont à leur tour menée à des opportunités bien réelles. Et puis, je vois plus loin que le bout de mon nez : je pense à toutes ces personnes qui ne vivent pas dans les métropoles. Il y en a marre de forcer les gens à partir vivre à Paris – sous prétexte que le travail n’existe nulle part ailleurs ! J’ai l’espoir que la décentralisation française se fera un jour par le virtuel – faute de pouvoir/vouloir le mettre en place réellement. Je n’ai plus envie de me dire que ma carrière dépend principalement de mon lieu de résidence. Car en fin de compte, mon nomadisme m’ouvre à d’autres cultures – et c’est un enrichissement bénéfique dans mon quotidien professionnel. Tant de gens le disent : « Si seulement je pouvais prendre trois mois et partir en voyage. » Dans le futur, je rêve de monter une boite où la seule consigne donnée à la DRH sera : « Pas d’employés dans ma ville. Chaque employé devra être recruté dans un pays différent ! » Bien sûr ma DRH sera elle aussi à l’autre bout du monde.
Pour aller plus loin, lisez le bouquin « Remote, office not required » – de Jason Fried
Super article Anissa ! Ça donne envie. J’y pense quand ma fille aura grandi. Internet est l’invention la plus heureuse de ces dernières années, permettant une nouvelle conception de vie : une vie riche de rencontres et de sens.
Merci pour ce beau témoignage d’amour envers ton mode de vie. C’est encore une fois, au risque de me répéter, mais ça c’est de ta faute, très inspirant !
J’aimerai bien savoir comment se passe une semaine type pour toi, comment tu arrives à gérer ton temps, et ne pas justement passer trop de temps sur internet à divaguer ?!
Je suis tout à fait d’accord avec la fin de ton article ! Je ne pense pas qu’Internet ne coupe des gens, au contraire. Il peut au pire nous couper de la personne qui est là physiquement avec nous parce qu’on ne décroche pas de notre téléphone ou ordinateur, après à nous de faire la part des choses. Je suis très heureuse dans mes 2 vies, chez moi dans mon appartement et dans mon énorme chez moi via FB, Twitter, les différents sites et blogs !
Très chouette article, j’aime beaucoup le ton. Tu as un pas d’avance sur moi, mais je compte bien te rattraper et m’offrir aussi une vie plus libre.
Réfléxion intéressante, mais qui ne s’applique pas à tous. La freelance implique parfois des meetings, sans compter les clients qui veulent limite que tu bosses dans leurs bureaux, donc à ce moment là je me voyais pas parti en voyages à ce moment là… Si tu as réussi à trouver cet équilibre tant mieux pour toi. En tout cas il a été beaucoup plus facile pour moi de voyager en CDD jusqu’à présent qu’en freelance. Mais peut être que je n’avais pas assez lâché prise, mais les demandes farfelus de mes prospects ont eu raison de moi !
Même métier, même façon de le vivre et même passion pour cet art de vivre ! Au moment où j’écris ce message je suis super-excitée/super-émue d’avoir trouvé quelqu’un (hum. le blog de quelqu’un) qui partage mon métier, mon statut et la façon de les vivre.
Je suis rédactrice web autoentrepreneur depuis juillet 2013 et en vadrouille depuis août 2013. Je n’arrête pas de me dire ô combien j’aime ce que je fais, et je n’arrête pas de me répéter que oui, travailler en voyageant est tout à fait possible. Vivre 3 mois ici, 3 mois là-bas tout en continuant à écrire mes petits articles pour mes petits clients… pfff c’est tellement agréable. Alors : ravie. Je suis ravie de tomber sur ton blog que je me suis empressée d’enregistrer dans ma barre de favoris.
Impatiente d’en lire plus.
A très vite.
Okay, le jour où je change de domaine et où j’aurai enfin téléporté mes fesses dans un pays qui m’envoie du rêve (loin de la France, j’avoue), je t’appelle ! Haha. Plus sérieusement, je suis tout à fait d’accord avec toi. Le web est encore perçu comme le grand méchant loup, surtout quand il s’agit d’employabilité, alors que je suis certaine qu’avec un peu de jugeote (et de bougeotte), on peut trouver un plan B (ou C, ou Z), et donc bosser de manière 2.0. En tous cas comme toi, moi j’y crois.
Tes articles sont franchement inspirants !
Mélissa
Nous voyageons et travaillons à distance depuis juillet 2013. Nous restons généralement 1 mois au même endroit: le Maroc, l’Espagne pendant 4 mois, le Portugal et l’Italie Bien sûr parfois nous sommes « obligés » de rester plusieurs mois en France au siége de notre entreprise(ce qui est le cas actuellement) mais c’est pour pouvoir mieux préparer nos absences, repartir et continuer notre vie nomade. En février 2015 nous partons presque 3 mois en Thailande 🙂
Ce n’est pas à la portée de tous de vivre en mode digital surtout en famille.Il faut avoir un revenu fixe et régulier , une bonne connexion internet pour gérer la scolarité et notre entreprise à distance au quotidien. Mais c’est devenu notre quotidien, notre mode de vie et j’espère que cela durera encore longtemps 🙂
Bonne continuation aux nomades digitaux et aux autres: persévérez dans votre projet !
La fin de ton article ma fait sourire ! 😀
Super article Anissa, merci.
Avec des amis, on a créé un ecosystème mouvant qui accueille gratuitement des digital nomadsdu monde entier (free housing).
Nous restons généralement 4 à 6 mois dans les villes où nous allons. C’est génial comme mode de vie, les rencontres que l’on fait nous apportent tellement.
Si cette vie, ce n’est pas vraiment travailler sous les cocotiers non plus, elle est juste exceptionnelle 🙂
Merci pour ce beau témoignage. Je suis aussi tout à fait d’accord avec la fin de ton article !
Ça fait 7 ans que j’ai ce mode de vie et je ne m’en lasse pas, j’en parle d’ailleurs ici : https://lesacados.com/digital-nomad
La clé, comme tu le soulignes, c’est l’équilibre. De mon côté je voyage beaucoup moins à présent pour garder cet équilibre.