La nouvelle est tombée comme une averse en plein désert. Abasourdie, je n’ai d’abord pas su quoi dire. Les mots pour le dire m’ont échappé. Aucune larme, aucun mot. Elle est entrée sans prévenir, elle s’est infiltrée par les fissures, les portes entrouvertes. Sans crier gare elle a pris possession de la maison, de la famille, de toi, de ton corps soudain si fragile. Cette saloperie, cette fichue maladie, le mot était trop faible. Aucun mot n’était assez fort pour décrire ce qu’il se passait en toi, malade – aucun mot pour dire notre colère, notre chagrin.
Parfois, nous sommes assises à table toi et moi, la petite-fille aux cheveux mauves, la grand-mère aux cheveux blancs comme si de rien n’était. Nous rions toujours aux même choses, aux mêmes blagues, aux mêmes histoires. Nous n’avons toujours pas les mêmes opinions politiques, ni les mêmes goûts littéraires. Toi tu aimes l’opéra, moi je m’y endors. Tu adores les musées, moi je les fuis. Tu votes à droite, je vote à gauche. Tu regardes tous les soirs la télé, la mienne n’est même pas branchée.
Parfois j’oublie – j’oublie que le temps passe, impitoyable et incorruptible. J’oublie que le temps qui nous reste s’échappe de nos mains comme une coulée de sable. Grain après grain, seconde après seconde. Alors je ris sans oublier. Je prends des photos mentales de nos bons moments, de nos disputes idiotes, de nos dîners festifs, de nos balades au bord de l’eau. Ma mémoire enregistre tout, frénétiquement. Pour ne rien oublier, pour te garder en moi.
Le temps qui reste? Personne n’a su le dire. Alors on continue à rire, à manger et parler jusqu’à la tombée de la nuit. Se souvenir des belles choses. Toujours.
Très beau texte, une belle déclaration d’amour à ta grand-mère. Ça me fait penser à mon grand-père,90 ans, que j’aime par-dessus tout et que je ne vois pas aussi souvent que je le voudrais. Et du temps, bientôt, on n’en aura plus.
je ne sais pas quoi te dire de plus que « Gardes tous ces moments gravés dans ton coeur et profites jusqu’à la dernière seconde de chacun d’entre eux »….
Plein de courage
bisous
Je suis désolée pour ta grand mère, tu as raison, profites de l’instant, des belles choses. Continue de l’aimer, de lui sourire et profite de chaque jour qui passe pour lui dire combien tu l’aimes .
Ton texte est magnifique Anissa. Je suis certaine que ta grand-mère sait combien tu l’aimes. Je te souhaite plein de courage.