Je suis assise dans le métro, ligne 5, il est 16 heures à Paris. Depuis bien trois minutes un type me fixe du regard. Et quand je dis fixe, je veux dire : me transperce de son regard. J’ai beau regarder mes pieds, je sens son regard posé sur moi. D’habitude j’ignore, là c’est plus difficile. Je suis terriblement mal à l’aise, j’ai envie de me barrer, mais c’est impossible. La ligne est blindée, j’ai encore une dizaine stations devant moi et pas de temps à perdre. Je dois rentrer terminer un article.
Au bout de deux stations de métro, je comprends qu’ils sont trois copains, l’un plus goguenard que l’autre. Ils parlent arabe entre eux, mais je sais qu’ils parlent de moi. Leurs regards les trahissent et puis l’un d’entre eux commence à faire des drôles de bruits animaliers et à me chuchoter des choses à l’oreille. J’ai la musique dans les oreilles, mais j’entends des bribes de phrases que je préfère ne pas retranscrire ici. A l’inquiétude se mêle la rage. Je change de place. Mais pas de chance, les trois malotrus me suivent.
Maintenant je suis debout contre un strapontin, à ma gauche la vitre. Je comprends rapidement que je viens de faire une erreur stratégique : désormais l’un d’eux s’adosse à moi comme à un mur. C’est visiblement très confortable pour lui, moins pour moi. Intérieurement je fulmine et les maudis. En vrai, je me tais face à cette violence verbale à laquelle je dois faire face.
Finalement, je pousse violemment le type qui s’appuie contre moi. Sa réaction est prévisible : il m’agresse verbalement. « T’as un problème ou quoi ?! » Je ne dis rien, parce que la dernière fois que j’ai vécu une scène similaire le type a failli me frapper devant tout le monde. Comme toujours, personne ne réagit. Je compte les secondes, mon cœur bat à cent à l’heure. C’est la rage au ventre que je les vois descendre de la rame (au bout de 15 longues minutes).
Tous les jours des agressions verbales et physiques surviennent et bien trop souvent la victime est une femme – obligée de se taire pour éviter le pire. Et quand le pire arrive, spuvent personne ne réagit. Il m’est impossible de lister toutes les agressions verbales que j’ai dû subir en sept années de vies parisiennes. Combien de fois on m’a gueulé dessus, bousculée ou insultée. C’est le quotidien de nombreuses femmes. et vous, qu’en pensez-vous ?
J’ai vécu plusieurs situations comme celle que tu décris lorsque j’habitais à Paris… Entre les agressions physiques (je ne me suis jamais faite frappée mais un homme qui te touche à certains endroits déplacés, ce n’est pas mieux…), la violence verbale, les hommes qui te suivent… Il y a eu plusieurs campagnes publicitaires à ce sujet je crois. Car les femmes sont souvent victimes d’agressions verbales.
J’avoue que j’étais heureuse lorsque je suis arrivée à Montréal. Là-bas, c’est très très rare de se faire agresser. On peut sortir à toute heure de la nuit (même en mini jupe) sans se faire accoster, « mater » ou autre par des hommes.
Cela fait du bien. Je me rappelle encore du stress à Paris parfois… et le fait de me dire : Non, pas de jupe… je vais encore me prendre une remarque…
Affligeant … J’ai déménagé à Strasbourg et je ne regrette pas. Paris est pour moi une ville très difficile à vivre. Chacun pour soi.
Hello Fabien, bien d’accord avec toi. J’envisage sérieusement de quitter Paris pour une ville plus « humaine ». J’ai adoré Strasbourg, mais il fait un peu trop froid à mon goût 😀
Bonjour !
J’ai lu ton article hier soir et j’ai été assez effarée de ce qui t’est arrivée ! sauf que c’est une réalité qui existe et je comprends ta douleur de ne pas pouvoir HURLER contre ces pratiques indécentes et sexistes…quel comportement !
On ne va pas tout radicaliser mais les filles sont souvent l’objet d’attaques humiliantes ou d’agressions dans les transports et j’ai plusieurs amies qui se sont fait méchamment agressées dans le métro sans que personne ne les ait secourues…
Pour ma part, si je ne peux pas réagir directement, j’essaierai d’entrer en relation avec le conducteur de la rame, d’alerter la police…ou peut être je réagirai vivement sans trop réfléchir…
J’ai vu une dame d’origine étrangère insultée et engueulée par son mari sur le parking d’un supermarché ce weekend : j’étais seule et ils parlaient une langue étrangère que je ne comprenais pas…je sentais la tension et que le mari rabaissait sa femme à un point, j’ai eu mal et je voulais réagir, j’ai regardé, je n’ai pas pu parler…je suis passée et je suis vite allée trouver la sécurité du centre commercial pour leur signaler l’altercation allée 4 du parking…
C’est dur de se sentir impuissante, que l’on soit victime ou témoin…
Heureusement tu as réagi comme tu le pouvais et tu peux t’exprimer ici…
Ce qui nous sauve, c’est le recul, la maturité, la gentillesse et tous tes projets qui vont te faire avancer et oublier de tels incidents même si la réalité se rappelle cruellement à notre bon souvenir ! J’espère que ta journée d’aujourd’hui sera meilleure…
Bonjour,
Chez moi en Belgique, une étudiante en réalisation a fait son travail de fin d’étude sur le harcèlement en rue.
Depuis, les pouvoirs politiques ont voté une loi qui punit ce genre d’agressions. Malheureusement, très peu appliquée…
Si ça t’intéresse, voici un reportage vu au journal télévisé sur Sophie Peeters: http://www.dailymotion.com/video/xsi69g_sofie-peeters-femme-de-la-rue-bruxelles_news
Au plaisir de te lire!
Le problème c’est que les hommes ne s’en rendent pas vraiment compte de ce harcèlement constant. Je dois souvent l’expliquer à mes proches mais ils me regardent souvent d’un air « n’exagère pas ». Le jour ou un homme s’est jeté sur moi et m’a plaqué contre la porte du métro pour glisser sa main au plus profond de ma tenue, personne n’a réagit et quand j’ai voulu porter plainte j’ai eu un « franchement on le retrouvera pas puis mademoiselle il ne vous pas vraiment agressé là », moi je l’ai retrouvé cet homme 15 jours plus tard sur la même ligne de métro… et si on pense aux « frotteurs » du métro, ceux qui profitent d’une rame bondé pour se frotter l’attribut contre nous…je suis peut être poisseuse mais ça m’arrive un peu trop souvent à mon goût. J’ai un scoop pour tous les connards qui pensent qu’ils ont le droit de nous insulter, nous toucher ou nous violer…on vous emmerde et on appartient qu’à nous même.
Comme je comprends. Quand on écoute nos proches qui ne le subissent pas, c’est souvent « ouai, mais c’est normal si il arrive quelque chose là-bas, ça craint ». Hé bien non, ce n’est pas normal, et ça arrive partout malheureusement.
Un site que je ne peux que vous conseiller: http://projetcrocodiles.tumblr.com/ Il y a des post qui proposent des façons de réagir, même dans une rame bondée (surtout! Au moins on a des chances d’être épaulée!) où de petites phrases nous permettent de capter doucement l’attention de passagers hésitants.
Il ne faut pas hésiter à réagir quand on a du monde autour; c’est alors les agresseurs qui se sentent visés, et non les victimes. C’est tout un art après, mais je trouve ce site très intéressant.
Le premier pas est le plus dur (par exemple, sur un quai plein, j’ai été la première à agripper/retenir au mieux un jeune qui avait saisi son ‘amie’ à la gorge depuis deja plusieurs secondes, alors que je n’étais pas la plus proche et que je n’ai rien d’impressionnant; sitôt une demie-douzaine de personnes ont fait de même, et j’ai pu laisser la place à des gens plus à même de le gérer -même guère plus, mais deja certains ont les mains libres, d’autres qui sont plus musclés ou impressionnant,etc..). Bon courage <3