Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un sujet qui est assez récurrent dans ma vie de freelance : celui de la tarification de mes prestations. Quand on est un bébé freelance, pas facile de savoir combien facturer ses services. Doit-on être moins cher pour trouver plus facilement ses clients ? Ou bien au contraire, doit-on être plus cher pour ne pas passer pour un amateur ? Je vous raconte un peu le long parcours du combattant… auquel tous les freelances doivent faire face : la négociation de leurs tarifs.
Hier e vous racontais hier que j’avais eu la chance de pouvoir faire plusieurs devis pour différents clients. Aujourd’hui, j’ai eu la première réponse. Il s’agissait d’une mission relativement classique de rédaction de fiches produits. Mais pas juste 3 ou 4 fiches, il fallait en rédiger une cinquantaine et de préférence… asap ! La cliente me contactait via une plateforme de freelance, elle était super intéressée par mon profil. J’ai de l’expérience dans le domaine demandé (beauté/maquillage), ayant travaillé pour L’Oréal Paris. Puis vient la question fatidique : vous demandez combien ? Je lui cite mon tarif jour et là… plus de réponse pendant presque 24 heures. Il y a un an j’aurais renvoyé plusieurs mails pour baisser un maximum mes tarifs. Aujourd’hui, je refuse de travailler à moins de 100€ pour toute une journée de boulot. Je vous explique pourquoi.
Le monde des freelances est petit
L’idée de cette activité en freelance, c’est quand-même d’en vivre. Donc clairement, si j’accepte de me faire sous-payer, je ne vais jamais arriver à joindre les deux bouts. Bien sûr qu’on peut accepter de temps à autres de faire une super mission mal payée. Mais il ne faut pas que cela devienne systématique ! Pourquoi ? Parce que vous allez rapidement avoir une réputation sur le web. Méfiez-vous ! Le monde des freelances est petit et les clients se connaissent entre eux. Si vous faites un prix super bas à un client A, puis un tarif plus élevé (et donc raisonnable) à un client B, c’est un risque à prendre. Surtout si les deux clients se connaissent ou bossent ensemble. Je vous conseille donc d’établir un tarif au jour plus ou moins fixe, pas trop négociable afin de ne pas vous retrouver dans ce type de situation délicate du genre : « Tiens, j’ai entendu que t’avais fait un prix à bidule. Mais moi tu me fais ça pour 250 € la journée ?! ».
Il faut bien payer son loyer !
Certains clients ne se rendent pas comptent (ou veulent ignorer le fait) que nous devons vivre de notre activité – et de préférence tous les mois ! Moi mon proprio ne me donne pas une tape sur le dos en disant : « Rooohhh t’as rien gagné d’argent ce mois-ci ? T’inquiète, je t’offre un mois de loyer ! » Bah non, ce n’est pas le monde des bisounours ici, bordel ! Comme il faut vivre chaque mois de notre activité, il faut également établir des tarifs qui nous permettent de survivre, et mieux encore, bien vivre au quotidien. Si j’ai décidé de quitter Paris, c’est aussi parce que je ne voulais pas investir 2/3 de mon salaire dans un studio riquiqui. A Barcelone, je peux me payer une chambre dans un bel appartement, tout en exerçant mon activité de rédactrice et traductrice. Mon conseil ? Il faut apprendre à dire non ! Si vous pensez qu’être payé 0,1 centimes/mot pour une traduction, ça n’est pas suffisant, dites non ! Entre nous, la moyenne est à 10 centimes, mais il y a des clients qui s’obstinent à appliquer des tarifs de misère qui sont, à mes yeux, absolument révoltants et scandaleux. Restez intransigeants sur vos tarifs, tout en montrant un peu de bonne volonté. Si votre tarif/mot est à 10 centimes, vous pouvez descendre jusqu’à 7 centimes. En-dessous, dites merde non merci au client.
Avoir un prix, c’est savoir se vendre
Mon passé de marketeuse me l’a prouvé : les gens achètent des produits chers parce qu’ils estiment qu’ils sont de meilleure qualité. Un exemple tout bête : Certaines marques d’ameublement vendent leurs meubles à prix exorbitants, alors qu’ils sont produits en Chine. Oui, mais si le canapé coûte 1500 €, c’est qu’il va forcément durer des dizaines d’années. Rendez-vous dans 10 ans ! On en reparle de votre canapé Chesterfield au cuir défoncé.
Bref, ce que j’essaie de vous expliquer, c’est qu’en appliquant des tarifs moyens, voire élevés vous trouverez toujours des clients. Déjà parce que vous lisez mon blog, alors vous êtes forcément géniaux et talentueux – mais aussi parce qu’un tarif sensé inspire confiance. C’est bien le low cost, mais du coup chez Vueling les boissons sont payantes et il n’y a pas de services en plus. A l’inverse, chez Air France on vous sert une boisson et une pâtisserie. Pareil pour les freelances ! Un client qui me paie vraiment bien, je lui rendrais parfois service gratuitement s’il s’agit d’une petite traduction ou d’une relecture. Aussi, j’estime qu’un client qui veut de la qualité doit y mettre le prix. Combien de fois ai-je eu des missions où je devais repasser sur le travail mal fait par une personne non-qualifiée (mais pas chère) ?
Un client qui ne veut pas vous payer le juste prix est un client qui n’en vaut pas la peine. Dans la vie de freelance, il faut savoir séparer le bon grain de l’ivraie, un peu comme cette pauvre Cendrillon qui devait trier les pois et les lentilles dans la cendre. C’est chiant, mais ça paie !
Tu as totalement raison. Pour calculer son tarif il faut calculer sur 5 jour ouvré grand maximum par semaine, et diviser le montant par 2. 50% du tarif représente réellement notre salaire net. Ça parait énorme mais finalement entre les charges fixe, les congés non payés que l’on doit assurer, l’achat de matériel et parfois les locaux et le tout ca fait bien 50 %. Si à 50 % on est pas rentable alors pourquoi s’épuiser ?
Une grande problématique pour tous les freelances et un piège qui peut souvent faire mal.
Je suis d’ailleurs un peu tombé dedans à mes débuts, on ne m’y reprendra plus !
Complètement d’accord !
Ton article tombe à pic, je suis dans une phase où pas mal de clients ne me proposent que des boulots extrêmement mal payés… Lire ça me pousse à rester ferme sur mes positions!
Il peut aussi être utile de demander au client quel serait le tarif juste selon lui 🙂
Personnellement, j’ai de la chance car j’ai un repère tout simple : mon ancien salaire. Si je ne gagne pas plus en freelance, la démarche n’a plus de sens.
En trad, à moins de 7 centimes (et encore), je ne sais pas comment certains font pour gagner leur croûte tout en livrant une certaine qualité, en abattant 4000 mots par jour.
Ah c’est intéressant comme point de vue. Je gagne moins qu’en CDI, mais je suis plus heureuse. Pour moi le calcul n’est pas le même 🙂
Complètement d’accord. Encore la semaine dernière un « futur » client (je mets entre guillemet car ce n’est vraiment pas sûr) m’a dit « vous savez en graphisme on peut trouver des tarifs low cost… »
Ben ne fait pas appel à moi… Ce genre de remarque est tellement déplacée!
Je viens tout juste de me lancer alors j’en aurai d’autres, mais j’avoue que ça fait chier.
Mais je ne baisserai pas mon prix. Si c’est trop cher on revoit les attentes ensemble avec le client, il baisse ses attentes, je diminue mon temps de travail et le prix est moins cher : magie!!
http://helloelotarie.blogspot.fr
Il y a toujours des clients qui veulent, le beurre, l’argent du beurre et la crémière.
On peut trouver une voiture neuve à 8000 €, mais faut pas s’attendre à rouler dans une Ferrari.
Si tu veux vraiment rouler dans une Ferrari, tu mets le prix.
Si tu peux pas mettre le prix, tu te contentes d’une twingo.
On trouve surement des vendeurs capables de dire « Donne moi 8000€ et je te trouve une Ferrari neuve », mais moi si j’étais le client, je réfléchirais un peu plus 🙂
Bonjour Anissa,
Je viens de tomber sur ton blog. Je suis moi-même freelance dans l’infographie et je me suis installé depuis 5 ans dans un village de montagne au nord de Katmandou. Oui oui, tu as bien lu !
J’ai lu cet article avec le plus grand intérêt. Je donnerai ce conseil précieux à toutes celles et tous ceux dont le client, en fait non pas le client mais le prospect, demande de baisser les tarifs : à chaque fois que ça m’est arrivé, j’ai répondu ceci : »bonjour madame la caissière de supermarché, pouvez-vous me faire une ristourne sur les 3 boîtes de camembert que je viens d’acheter ? ». Pas la peine de faire un dessin, et ils comprennent tout de suite.
Alors j’ai employé le mot « prospect » et non pas « client ». Car un prospect pour lequel vous acceptez de faire une ristourne et qui devient client en vous embauchant donc, n’aura de cesse par la suite de vous demander cette ristourne à chaque fois qu’il vous proposera une nouvelle mission. Et puis pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Tant qu’à tirer sur la couverture, autant continuer, et il le fera, en vous demandant de lui rendre des services gratos comme lui faire une paire de corrections au passage et qu’il n’avait pas mentionnées dans sa demande de devis.
Et je rejoins ton point de vue sur ce sujet Anissa sur le fait que lorsqu’on fait un rabais sur les tarifs officiels, forcément cela va se savoir et vos autres clients ou prospects (recommandés forcément par ce premier qui veut toute la couverture pour lui tout seul) vous demanderont la même chose.
En bref, la ristourne sur les tarifs > c’est NON ! Nous ne sommes pas des marchands de tapis ! Et cette demande ne dois pas aboutir dès le départ, donc doit se cantonner aux prospects, jamais aux clients. Sinon c’est assurément le début d’un long cauchemar, et c’est l’expérience qui parle 😉
Je suis tombé par hasard sur ton article et cela me conforte dans mon opinion mais c’est tellement difficile de défendre ces prix. Je suis graphiste freelance depuis 1 ans et j’ai l’impression que quelque soit le prix que je propose ce n’est jamais assez bas. C’est fatiguant de devoir perdre du temps là dessus alors que je fais ce métier pour être créative.