C’est toute la notion du temps que la pandémie semble avoir modifiée. Lundi, mardi ou mercredi ? Qu’importe puisque l’on reste confiné chez soi. En fin de compte, même les jours travaillés ont un air de dimanche avec cette petite touche de coup de blues qui est lui est propre. Nous connaissons tous ce fameux creux de la vague vers 17 h 30. Il est trop tôt pour dîner ou regarder Netflix (sans culpabiliser) mais il fait déjà trop frais pour s’asseoir sur le balcon. Les derniers rayons ne réchauffent plus nos âmes et il faut se rendre à l’évidence que la nuit sera longue à venir.
En ces temps de confinement prendre conscience de nos privilèges nous rend plus humbles, plus réfléchis. Aussi, le minimalisme que je pratique depuis plus de deux ans m’a en quelque sorte bien préparée à cette quarantaine. J’ai appris à vivre avec peu sans avoir cette sensation constante de manque. Évidemment, j’aimerais pouvoir me balader dans les rues de ma nouvelle ville de cœur et rencontrer des gens nouveaux. J’ai hâte de bredouiller mes premiers mots de portugais dans un joli café du quartier historique et de faire sourire le serveur avec mon accent à couper au couteau. J’aimerais serrer ma famille et mes amis dans mes bras autrement que via Skype.
En attendant des jours meilleurs, il faut faire avec les fameux moyens du bord. Se lever, remercier le ciel d’être en bonne santé, d’avoir suffisamment de nourriture dans les placards et de savoir nos proches en sécurité.
Sachez qu’en l’espace d’un coup de fil, tout peut basculer.
Alors que j’étais en train de travailler dans la salle à manger, le numéro de téléphone de mon oncle s’est affiché. Après l’échange de quelques banalités, il a transformé toutes ces statistiques publiées quotidiennement dans les médias en dure réalité. « Mamie a été testée positive au Coronavirus. »
Le coup de massue.
Ma mamie qui m’a trainée à l’âge de cinq ans au Louvre (traumatisée par les armures des chevaliers, je n’y suis jamais retournée), celle qui me servait des plats Picard encore à moitié congelés. Cette grand-mère qui avait vécu la guerre et des drames personnels. Ce petit bout de femme qui cachait son amour derrière une dureté qui lui avait permis d’affronter les obstacles d’une vie marquée par les non-dits, la rudesse familiale et plus tard une solitude déchirante.
Aujourd’hui dans un EPHAD, elle se rajoute à ce nombreux effrayant de personnes atteinte du virus. Certes, elle a 92 ans, elle a vécu sa vie, le virus ne l’a pas fauchée dans la fleur de son âge… Ce discours je le tenais aussi. Sauf que ce n’est plus si simple quand VOTRE grand-mère est atteinte du Covid-19 et qu’il est très probable qu’on ne puisse pas la sauver.
Parce que les urgences sont saturées.
Parce qu’il y a une pénurie de masques respiratoires.
Parce que trop de gens se fichent complètement du confinement.
En France le gouvernement a dû augmenter l’amende à 200 € parce que trop de gens pensent encore être au-dessus des lois, des règlements et de la solidarité citoyenne. Encore aujourd’hui, trois Espagnols ont été arrêtés par la police alors qu’ils prenaient la voiture pour faire un barbecue entre potes.
Moi aussi, j’aimerais bien aller voire des verres avec les copains, me balader, sortir, prendre l’air.
Sauf que là, CE N’EST PAS LE MOMENT. Et on ne va pas en mourir.
Par contre, ma grand-mère et tant d’autres mourront en raison de l’égoïsme de certains. Toutes ces personnes mourront loin de leurs proches. Personne ne tiendra leur main. Personne ne leur soufflera des adieux à l’oreille. Personne ne pourra assister à leur enterrement.
Alors restons chez nous, sauvons des vies.
Anissa, cela fait un petit bout de temps maintenant que je te suis sur ton blog, et je tiens à te partager tout mon soutien à toi et à ta famille. Ton article ne semble pas très optimiste quand à l’issue de la contamination de ta grand-mère, mais j’espère sincèrement qu’elle sera bien prise en charge et qu’elle a encore des ressources, ta description d’elle semble indiquer qu’elle est une femme très forte. Bon courage, et prends soin de toi.