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Nomad's heart

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Culture

Le bilinguisme parfait existe-t-il ?

2 novembre 2015

L’autre jour je skypais avec ma copine traductrice freelance du joli blog Les Mots de Marguerite. Nous débattions sur un sujet qui nous tient énormément à cœur : le bilinguisme (voire-même le trilinguisme dans son cas). En effet, je travaille parfois pour la plateforme de traduction Mytranslation.com. Pour pouvoir répondre aux appels d’offres, il faut préalablement passer un test de traduction. J’avais ainsi pu répondre aux offres de traduction de l’allemand vers le français. Quelques mois plus tard, je tentais de passer le test vers l’allemand : un refus. Etonnée, je contactais la plateforme qui m’expliqua alors qu’il n’était pas possible pour un traducteur de traduire dans deux langues différentes. Seule une paire de langues était possible, sous prétexte que l’on n’était jamais parfaitement bilingue.

Croyez-moi, j’étais hors de moi ! J’ai cru que j’allais renvoyer un mail carabiné, puis la sagesse (eh oui, l’âge) m’a fait renoncer. J’ai décidé de ne pas réagir et de continuer mon chemin, mais la réflexion ne m’a pas quittée depuis. Et j’ai décidé de répondre le plus sincèrement possible à cette question :

Le bilinguisme (et donc le biculturalisme) parfait existe-t-il vraiment ?

En tant que traductrice,  je traduis toujours sans aucune difficulté dans les deux sens : vers le français et vers l’allemand. Les gens ne me croient pas toujours quand je leur raconte que je suis vraiment parfaitement bilingue. Alors je leur explique : je rêve, je respire et je vis dans les deux langues. Il m’arrive même d’écrire en allemand sans m’en rendre compte alors que j’étais censée traduire de l’anglais vers le français. Quand je parle l’allemand je ne me dis jamais : « Tiens là je parle allemand ». Les mots sortent naturellement de ma bouche, alors que l’anglais parfois me demande une réflexion moins spontanée (Eh oui, je cherche mes mots !). Dès ma naissance j’ai parlé les deux langues et je me souviens d’ailleurs d’une vidéo (VHS dinosaure de la technologie), où je devais avoir deux ans. Je parlais en allemand à mon père, en français à ma mère. Et croyez-moi, j’étais aussi insolente dans une langue que l’autre ! Il n’empêche que c’est difficile de s’imaginer qu’une personne puisse réellement parler deux langues parfaitement couramment. Pourtant, c’est bien mon cas et celui de mes amis bilingues. Au lycée, nous étions nombreux à parler un mélange de nos deux langues maternelles. Surtout quand ma meilleure amie m’expliquait en allemand les cours de maths. Des mots du type « bissectrice », « parallélépipède » ou « angle droit » s’immiscaient dans notre discussion en allemand – et nous pouvions switcher d’une langue à une autre en un battement de cil.

Un clavier Qwertz...
Un clavier Qwertz…
... et un clavier azerty !
… et un clavier azerty !

« Tu parles vachement bien français dis donc ! » C’est une phrase que j’ai dû entendre environ un milliard de fois dans ma vie. Pourquoi ? Parce que les gens s’imaginent qu’il est impossible de parler une langue parfaitement sans avoir grandi dans le pays. Pourtant, je n’ai pas d’accent (sauf l’accent parisien, mais je me soigne). Je suis allée au Lycée Français à Hambourg où j’ai passé l’Abibac (double diplôme franco-allemand), j’ai même passé le concours général de philosophie. Après le bac, je suis partie vivre à Paris où vit une grande partie de ma famille française (j’ai la double-nationalité). J’ai passé deux ans à souffrir en prépa littéraire et à la fin j’ai été l’une des seules à intégrer une grande école. J’étais vraiment fière, compte tenu du fait que mes profs avaient la fâcheuse tendance (quelque peu raciste) de me ressortir à longueur de journée mes origines allemandes (me faisant comprendre que je n’avais pas ma place en khâgne qui préparait l’élite franco-française !). Alors le jour où j’ai pu leur dire que j’étais acceptée du premier coup au CELSA, ils ont enfin fermé leur clapet ! C’est triste mais vrai : la France n’a pas encore dépassé son culte de « l’exception française » et les langues y sont toujours enseignées d’une manière telle que l’on ressort sans savoir aligner trois phrases. Désolée, mais ce n’est pas en traduisant Shakespeare que l’on apprend à commander un Coca dans un bar !

J'aime la langue de Goethe !
J’aime la langue de Goethe !
J'aime tout autant la langue de Molière !
J’aime tout autant la langue de Molière !

On me demande souvent si je me sens plus allemande ou française. C’est finalement une question qui n’a pas de sens. Je suis les deux, c’est tout. J’ai un père allemand et j’ai passé 18 ans de ma vie en Allemagne où je retourne au moins deux fois par an. Par la suite, je suis partie vivre sept ans à Paris et ma mère est française d’origine marocaine. J’ai lu les grands auteurs allemands (Thomas Mann, Heirncih Böll, etc.) et les classiques français (Marcel Proust, Louis Aragon, Balzac, etc.). J’aime tout autant le cinéma allemand (Fatih Akin, Christian Petzold, Tom Tykwer, etc.) que les films français (Patrice Chéreau, Michel Audiard, Claude Chabrol, etc.). Je suis au fait de l’Histoire allemande autant que française. J’assume le passé national-socialiste de l’Allemagne et les crimes commis en Algérie. Tout ça, je l’ai appris, je l’ai lu et débattu, cela fait partie de mon double héritage culturel. Je suis fière quand l’Allemagne gagne la coupe du monde de football et heureuse quand un film français remporte l’Oscard du meilleur film étranger. Il m’est impossible de préférer une culture à l’autre, une langue à l’autre. Chacun de mes pays a ses failles et ses forces et je suis le produit d’un amour franco-allemand, d’un amour bilingue et biculturel.

Mon cœur, toujours, balancera entre le foie gras et la choucroute.

9

 

Categories: Culture

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Comments

  1. Margarida says

    2 novembre 2015 at 14 h 07 min

    Tout d’abord, merci pour le clin d’oeil !

    Et puis, quoi ajouter ? Pas grand-chose, si ce n’est que ce sera toujours un vaste débat. Peut-être que les vrais bilingues sont rares mais ce n’est pas pour cela qu’il faut nier leur existence ! Tu vis maintenant en Catalogne, si tu fais un petit sondage, je suis sûre qu’il y en aura plus d’un qui se sent également vrai bilingue, peut-être au Québec aussi.

    Quant aux traducteurs, c’est toujours compliqué de défendre devant certains cercles, qu’il y a des professionnels capables de traduire aussi bien vers une langue que vers une autre. Parce qu’il y a des gens qui, en vrai, ont 2 langues maternelles !

    Tschüss (le seul truc que je sais dire en allemand 🙂 !)

    Belle journée !

    Répondre
  2. Audrey Moo says

    2 novembre 2015 at 21 h 55 min

    Quand on a pratiqué deux langues avec des parents natifs depuis petit, on est d’après moi obligatoirement bilingue. Je trouve un peu ridicule l’argument du « on ne peut pas parler deux langues parfaitement », les enfants de couples internationaux le font pratiquement tous et c’est de plus en plus répandu !

    Par contre, il est vrai que si on apprend une langue plus tard, il est compliqué d’être bilingue. Comme je le dis souvent sur mon blog, je parle couramment anglais et je le parle au quotidien plus des 3/4 du temps, mais je pense que je serai certainement jamais bilingue car je ne connais pas tout le vocabulaire technique, les expressions typiques ou les notions culturelles. Mais c’est un cas différent (et surtout c’est juste mon cas). Quel dommage que tu sois discriminée à cause de préjugés :/

    Répondre
  3. Erika says

    27 janvier 2016 at 19 h 51 min

    je ne découvre qu’aujourd’hui ce blog et je me régale de le lire… et j’ose mettre un commentaire tant ce post me parle. je crois que en effet les enfants bi-nationaux peuvent etre parfaitement bilingues et passer indifféremment d’une langue à l’autre avec la meme aisance, la meme fluidité, avec un sens de l’humour et de la répartie propre a chacun de ses pays et aux codes de chacune des langues.

    je vois la différence entre moi et mon ado de 15 ans.
    je suis francaise, mes grands parents maternels etaient espagnols mais moi je ne l’ai jamais étudié a l’ecole (j’ai préféré m’orienter vers l’allemand 🙂 le latin et le grec). Finalement a la fac en plus de ma licence d’allemand j’ai releve le defi de faire licence d’espagnol…
    Finalement une bourse en poche suis venue faire ma maitrise a barcelone sur le cinema anarchiste pendant la guerre civile a Barcelone (sans doute le moyen de fermer le cercle de mon histoire familiale) et je ne suis plus repartie. 18 ans plus tard, ici personne ne me croit qd je dis que je suis francaise tellement mon espagnol est « bilingue » et mon accent inexistant. Mais, il est indéniable qu’en traduction cela m’est naturellement plus facile de l’espagnol vers le francais, ma langue. Du francais vers l’espagnol cela sera tres correct, grammaticalement et du vocabulaire, mais y a pas la meme aisance. Je le perçois surtout a l’écrit. Pas à l’oral.

    Mais là est toute la différence avec mon fiston. Né à Barcelone, parlant catalan avec son papa, francais avec sa maman (moi) et castillan avec papa et maman si c’est en commun ou avec nos collocs equatoriens. Et pour lui clairement, a part un accent en francais du sud ouest (comme le mien!), il a un francais d’un natif, (et sans doute plus raffiné a cause d’une mere linguiste) et aussi un catalan parfait et castillan aussi. Et les codes, l’humour ou la culture, qui sont « tri ». Donc lui, comme toi, peut traduire dans un sens ou dans l’autre, ca revient au meme, bonnet blanc et blanc bonnet, ou tanto monta monta tanto, isabel como fernando.

    au plaisir de continuer à te lire.

    Répondre

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Anissa Filali-Fischer, 32 ans, franco-allemande, vadrouilleuse, nomade dans l'âme, ex-CELSA, traductrice, rédactrice & community manager FREELANCE.

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