Un jour d’octobre je rencontre Mathilde Bermond, graphiste et illustratrice basée à Strasbourg. De passage à Paris, elle a eu la gentillesse d’accepter ma demande d’interview. On se retrouve dans un café parisien, en plein coeur du 17ème arrondissement. Le soleil automnale caresse notre peau et rapidement je découvre une jeune femme pétillante et entreprenante : de la girl power à l’état pur !
Salut Mathilde, heureuse de te rencontrer aujourd’hui ! Parle-moi de ton activité de freelance. Que fais-tu dans la vie ?
Je viens d’avoir trente ans… Du coup, les trentenaires ne sont plus du tout vieux à mes yeux ! (Rires) Je suis freelance depuis 2007 à Strasbourg et à temps plein depuis 2008. J’ai choisi le statut lors de ma dernière année de cours. C’est quelque chose qui m’a toujours plu et comme mon mari salarié, j’ai vraiment eu la chance de pouvoir m’y investir. On sait tous que freelance, ce n’est pas toujours simple et fantastique. On ne vit pas avec 3000 euros par mois. C’est plus un mode de vie. Je suis donc graphiste et illustratrice avec une expérience de directrice artistique, puisque je gère et manage des projets de A à Z. En fait je cherche les projets, je les gère et je les exécute. Je suis présente du début jusqu’à la fin, c’est ce qui me plait dans mon activité de freelance. On dit souvent qu’on est plus doué soit en print soit en web, mais moi je fais les deux. Je suis vraiment passionnée par les deux parce que ce sont deux techniques super différentes. On ne va pas mettre en page une plaquette comme on mettrait en page un site web. Ça permet de varier mon quotidien de travail !
Quel est ton statut ?
Je suis en entreprise individuelle, je déclare aux impôts en BNC (bénéfices non-commerciaux) et à côté de ça je suis inscrite à la maison des artistes. C’est un statut relativement privilégié parce qu’on ne paie pas beaucoup de taxes. A l’époque où je me suis lancée le statut d’autoentrepreneur n’existait pas encore ! Et pour les artistes, on est clairement mieux protégés par la Maison des artistes. Aussi, depuis deux ans on a droit à la formation ce qui est vraiment intéressant. J’ai pu ainsi me former en WordPress, ce qui très utile !
Pourquoi tu n’as jamais pas voulu bosser en entreprise ?
Je n’apprécie pas l’autorité ! (Rires) J’aime bien tout faire, c’est-à-dire ne pas juste récupérer le brief du DA et exécuter les ordres. J’aime bien tout faire sur le projet, n’en faire qu’une petite partie m’aurait je pense ennuyée. Et surtout, je n’aime pas du tout les horaires de bureau ! Je suis anti horaires de bureau, la routine du bureau me fatigue. Pour moi la créa, ça ne se commande pas. Tu ne peux pas toujours être créatif à neuf heures du matin ou six heures du soir.
Tu es donc une freelance invétérée ! Est-ce que tu as des manies, des petites habitudes que tu as depuis que tu es freelance ?
J’aime bien faire des gâteaux ! Oui je sais, la meuf pas normale, haha ! Pendant ma journée de boulot je me fais des pauses. Je ne fais pas non plus des gâteaux tous les jours et parfois c’est d’ailleurs plutôt le soir quand j’ai terminé mon boulot de la journée. Après une journée bien chargée, quand j’ai mal à la tête et fais trop d’ordi, j’aime bien me mettre en cuisine. Je commence vers 21 heures quand le petit est couché. Mon mari ne comprend pas comment je peux avoir la force de me remettre derrière les fourneaux. Mais en réalité, ça me détend de faire des gâteaux. C’est LE moment de détente de la journée pour moi !
La question que se posent la plupart des graphistes : comment fais-tu ta prospection clients ?
J’évite les chemins classiques, je déteste la prospection parce que c’est franchement ingrat ! C’est souvent beaucoup d’énergie et d’efforts dépensés pour rien. Si un jour tu as envie de faire du phoning, et que tu as envie de te faire traiter comme une m****, tu peux toujours le faire. Au bout d’une journée, t’auras juste une envie : te pendre ! Il n’y a presque aucun retour en phoning ou en mail, idem pour les newsletters. Le retour est égal à 0, sauf si tu envoies 10 000 mails, mais là tu y passes ta vie. Je participe surtout à des afterworks. Mine de rien, à Strasbourg ça bouge pas mal ! Apéros RH, afterworks dans le web design. Pour ma part, j’ai créé des AfterworksCréatifs dans le graphisme. Lors de mon afterwork je propose d’ailleurs toujours une petite activité ludique et artistique. La plupart du temps je viens tout simplement avec des feuilles blanches et des stylos noirs. L’idée c’est de revenir aux origines de la création, comme quand on était enfants et qu’on créait des choses à partir de presque rien ! Et sinon j’ai participé au Salon Inovia à Strasbourg. J’ai communiqué dessus un maximum via mes réseaux sociaux. Même si je n’ai pas un carnet d’adresses énormissime, j’ai quand-même fait une newsletter que j’ai envoyée à des personnes choisies. Une amie traiteur a pris en charge la nourriture pour mon stand. Et bien sûr j’ai fait des gâteaux ! Je suis d’ailleurs très contente, parce que certains de mes clients sont venus exprès me voir au salon, après avoir lu la newsletter. Mon comptable a même pris le scooter sous la pluie pour passer me faire un petit coucou !
Pour finir, parle-moi d’un projet ou d’un domaine de ton activité de freelance qui te représente bien !
Dessiner, c’est que je préfère faire, mais il n’y a pas forcément la demande et comme ça reste quelque chose de relativement cher, c’est évident. Dans mon boulot, cela m’arrive de le faire. Mais ce que je préfère, c’est dessiner du figuratif et des personnages. J’ai d’ailleurs fait l’avatar d’une blogueuse vintage, Cha perchée, également strasbourgeoise. Et comme j’adore le vintage, elle voulait absolument que je fasse son portrait !
Site pro : http://www.cherryfizz.fr/
Blog freelance : http://www.graphisme-gossip.com/
J’adore ces témoignages 🙂
Je trouve que c’est toujours inspirant, et ça donne la pêche pour commencer la semaine !