Quitter ma vie de salariée avait deux majeurs inconvénients, tant sur un plan financier qu’humain. Je n’avais plus de salaire fixe ni de collègues pour me changer les idées, papoter et déjeuner. Autant, l’argent ne joue pas trop d’importance, puisque mon auto-entreprise est viable… autant mes collègues m’ont beaucoup manqués. Comme certains sont devenus des amis, il m’arrive d’aller déjeuner avec eux. Cela me fait toujours énormément de bien car je tiens à eux, qu’ils sont drôles et adorables, mais aussi parce qu’ils me confortent chaque fois un peu plus dans mon choix d’une vie en freelance (hahaha). Je m’explique.
Le quartier est sublime, on est en plein cœur de Saint-Michel, les boutiques sont belles, les restaurants variés. C’est dans une rue animée, touristique et attrayante. Il y a un Starbucks, des librairies, un Eleven Paris, bref, c’est un chouette quartier. Dans cette rue se situe mon ancien employeur, celui qui m’a donné envie de prendre mes jambes à mon cou, de tout plaquer et devenir mon propre chef. Au bout de quelques mois je savais déjà que je n’allais pas y faire de vieux os, je m’ennuyais, les missions se faisaient rares et les responsabilités n’étaient pas au rendez-vous. La hiérarchie était capricieuse et l’ambiance au niveau zéro. J’avais déjà connu la vie en entreprise, les enjeux financiers, la venue d’investisseurs internationaux. Pourtant, les gens n’en perdaient pas le sourire et le travail se faisait dans une relative bonne humeur. Ce n’était pas le cas dans ma dernière boite. Au lieu de parler de nos weekends respectifs, on avait plutôt tendance à nous plaindre, à rêver à un avenir meilleur. C’était déprimant !
« Tu as trop de la chance ! »
Il y a quelques semaines, je retrouve mes anciens « potes de galère » sur les quais. Le soleil est radieux, mon karma au beau fixe et Paris la plus belle ville du monde. On est super contents de se retrouver, de parler de nos petites vies, des potins d’entreprise et de mon nouveau quotidien de freelance. Je parle de mon emploi du temps flexible et assoupli, de mes petits weekends à l’étranger, de mes clients qui sont vraiment sympas et de mes missions qui me plaisent réellement. Et là, la phrase tombe : « Anissa, t’as trop de la chance. » Il serait hypocrite de nier le facteur chance qui a joué lorsque j’ai lancé ma boite. Oui, j’ai vite trouvé du boulot, des clients, des nouveaux contacts. Mais non, j’ai aussi décidé de faire bouger les choses, j’ai pris des risques, j’aurais pu échouer lamentablement. Quand je vois mes collègues qui se plaignent de la hiérarchie, des réunions inutiles et à rallonge, je sais ce qu’ils vivent. Ils font un job souvent inintéressant, mal ou moyennement bien payé, et dans une ambiance plus que tendue. Pour ma part, c’était devenu insupportable, je ne pouvais plus y aller sans que mes traits de visage s’affaissent, sans que mon estomac se noue. Les gens me disaient souvent que je n’avais pas l’air dans mon assiette. Aujourd’hui, c’est moi qui les trouve un peu tristes et ça, c’est vraiment dur, parce qu’ils sont vraiment gentils, talentueux et sociables. J’aimerais tant qu’ils plaquent tout pour tenter mon aventure, histoire qu’on puisse tous se faire des apéros à 17h en pleine semaine. Mais ce n’est pas possible.
Tous freelances ?
Non, j’en doute fortement. Tout le monde ne peut pas faire de longues études, devenir médecin ou avocat. Il en est de-même pour le statut de freelance. Il faut réellement avoir cette « vocation » et la personnalité qui va avec – et éventuellement le style de vie aussi. Je m’explique : Quand on a un prêt sur le dos, deux mômes et une voiture, devenir freelance n’est pas si simple, car on a des responsabilités financières lourdes. Aussi, certaines personnes aiment avoir une structure, une hiérarchie et la sécurité du salaire qui tombe à la fin du mois. Si pour vous vie professionnelle rime avec sécurité, ne devenez pas freelances ! J’écris cet article à 23 heures le dimanche soir, et je devrais en réalité travailler, car j’ai une mission à rendre demain… Un salarié est généralement tranquille le weekend, un freelance ne connait pas les vrais weekends puisque chaque jour est potentiellement un jour de weekend – ou de travail (avantage et inconvénient à la fois). Et je sais aussi que certaines personnes préfèrent endurer une hiérarchie lunatique que cette incertitude du freelance qui ne sait pas toujours s’il va boucler la fin du mois. En réalité, il faut « peser » chaque critère. Chez moi le besoin de sécurité ne pesait pas lourd dans la balance du bilan global. J’avais surtout besoin de changement, de diversité et de challenge – et d’être mon propre chef.
Bien sûr que ma vie fait un peu rêver. Je bosse d‘où je veux, quand je veux. Ce que j’aimerais donc, c’est que mes amis trouvent leur place, leur vocation et une situation professionnelle qui leur redonne le sourire. J’ai envie qu’ils me parlent d’autre chose que de leur boulot. Oui parce qu’un freelance parle pas trop de son boulot, et quand il le fait, c’est quand-même souvent en bien. Je ne fais pas de prosélytisme en matière d’auto-entrepreneuriat. Je sais simplement que j’ai certaines personnes dans mon entourage qui ont le potentiel nécessaire pour créer des projets prometteurs et j’espère qu’ils pourront un jour franchir le pas. Aux autres, je souhaite un super taff dans une super boite. Un CDI qui ne rime pas avec ennui, stress et mauvaise paie. Bon si ça existe, faites-moi signe ! (Pas pour moi, hein, je reste freelance).
Bon allez, je vous laisse, j’ai découvert l’Americanino, c’est du vin rouge mélangé à de la limonade. C’est fort ce truc, et puis faut pas déconner. Moi demain je bosse !
Ah je déteste cette expression: « tu as trop de la chance! »
Je l’entends dans un contexte différent (les vacances), mais chaque métier a ses avantages et ses inconvénients… et comme tu le dis si bien, « tout le monde ne peut pas être… »
Tu devrais lire ça ou faire lire ça à tes anciens collègues, ce n’est effectivement pas de la chance mais des opportunités que tu t’es crées : http://ploum.net/les-opportunites-viennent-toujours-par-deux/
Comme tu dis, tout le monde n’est pas fait pour être freelance – j’aime d’ailleurs le fait que tu donnes aussi bien les avantages que les inconvénients sur tout blog – mais tout le monde peut changer son quotidien, trouver un autre boulot ou autre s’il s’en donne la peine. On a toujours le choix, même si c’est difficile, mais rester dans une situation où on ne s’épanouit pas n’est jamais bon.
En tout cas contente de voir que tu es toujours confortée dans ton choix 🙂
En tant qu’auto-entrepreneuse, je partage les mêmes pensées que toi.
Lorsque je vois certaines personnes de mon entourage se plaindre, voire même des blogueuses qui ont envie de quitter leur job mais qui n’osent pas, j’ai trop envie de leur crier: « et si tu essayais l’auto-entreprise? »
Mais comme tu le dis, nous ne penchons pas tous vers le même mode de vie. Mais bon, si elles ont choisi de rester par peur alors qu’elles arrêtent de se plaindre!
Assumons nos choix!
Excellent article qui met parfaitement en lumière les raisons qui nous poussent au freelance et celles qui nous freinent ! Pour ma part, le freelance est venu à moi, après des stages sans avenirs, je ne trouvais pas de boulot, j’ai pris quelques missions de freelance pour rester active. Aujourd’hui, je n’en vis pas, j’ai un job alimentaire et suis parfois un peu paumé mais je me rend bien compte que j’ai l’esprit freelance et qu’il faut que je continue encore un peu avant de tout laisser tomber !
Pas mal cet article. Ca me fait penser à une video que j’ai faite il y a peu de temps sur http://jipihorn.wordpress.com/2014/06/16/explorons-un-manta-de-chez-esprit/
Pas vraiment non…
Je me reconnais dans cet article et suis bien d’accord sur de nombreux points ! Il faut avoir le caractère, les épaules, la passion et aimer travailler à fond ! Mais ça nous le rend si bien !! Bien contente de découvrir tes articles grâce à la Une de Hellocoton <3